EDITO
Après trois années consécutives de déficit fourrager, l'abondance de 2021 est un soulagement. « Les silos débordent », constatent les entrepreneurs, du moins ceux dont les clients auront été épargnés par la tempête Aurore...
Chez Arvalis, Michel Moquet et Hugues Chauveau confirment un rendement record qui frôle les 15 tonnes de matière sèche par hectare. Ainsi, même si les surfaces de maïs fourrage sont en baisse significative, la production nationale atteint un sommet avec 195 millions de tonnes de MS.
À ces tonnages, il conviendrait aussi d'additionner les autres productions de l'ensilage, l'herbe et les nouveaux fourrages qui, comme les cultures méthanogènes, brillent par l'absence de leurs data.
Quoi qu'il en soit, le volume du silo 2021 est pharaonique : 3.27 milliards de m3, soit 1,3 fois le volume de la grande pyramide de Gizeh...
Mais la providence n'est pas absolue. Le millésime 2021 n'est pas du meilleur cru. Si sa richesse en amidon est supérieure de 3 points à la moyenne quinquennale, la digestibilité des tiges et des fibres y est l'une des plus faibles de la décennie.
Le potentiel laitier est en baise de 0.8 litre par jour et par vache.
L'explication est climatique. Le manque de soleil a freiné la levée et la maturation, laissant plus de temps aux fibres végétales pour transformer la cellulose en lignite indigeste.
Tout à leur objectif de reconstituer leurs stocks, les éleveurs n'ont eu ni le temps ni le recul pour s'adapter à des conditions de cultures qui sont devenues très incertaines depuis une dizaine d'années.
Néanmoins, quelques précurseurs ont surpris jusqu'à leurs prestataires de récolte. Ils ont demandé à relever le bec pour ne récolter que le meilleur et ne pas encombrer le silo ni la panse des vaches avec des bas de tiges indigestes.
Force aussi est de constater que les éleveurs pourraient aussi être plus nombreux à recourir aux progrès de la microbiologie bactérienne pour orienter le processus fermentaire de l'ensilage.
Sur les bords de la Manche, Aurore aura jeté au sol les gains de rendement de 2021.
Beaucoup d'éleveurs pourraient à l'avenir prêter plus d'attention au critère de la verse dans leur choix variétal.
Mais les professionnels de l'ensilage se réjouiront que nos partenaires de l'année 2021, CLAAS, LALLEMAND, PIONEER, et SCHAUMANN, ne soient pas venus les mains vides à leur rencontre. La panoplie des solutions nouvelles prouve que l'adaptation climatique est devenue un axe de leur innovation. Reste à tous à apprendre à mieux savoir se servir du progrès et à en développer l'usage.
François Delaunay, directeur DFI-presse
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